Mesures Peillon sur l'éducation prioritaire
Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, vient d'annoncer le déblocage de 100 millions d'euros pour les rémunérations des enseignants en ZEP. Cette mesure est malheureusement incomplète et en-deçà des enjeux.
L'enseignement dans les zones prioritaires est difficile. La revalorisation des salaires des enseignants qui y travaillent participe certainement d'une piste intéressante, reconnue comme telle par les différents acteurs. Cependant, telle qu'elle est présentée, elle ne fait office que de pansements sur un système qui dysfonctionne en profondeur.
Les mesures de Vincent Peillon veulent amoindrir la douleur en contentant le plus grand nombre, mais elles ne soignent en aucun cas le mal. Pourquoi ?
- D'abord parce que le problème de l'enseignement prioritaire ne peut se résumer à une question d'argent. Malheureusement, ce Gouvernement qui prétend se préoccuper de l'éducation ne sait traiter l'Ecole qu'à travers le prisme des moyens, de la quantité, uniquement à travers les comptes financiers et jamais, malheureusement, sous l'angle de la qualité.
Monsieur Peillon ne peut prétendre réformer l'enseignement prioritaire en se contentant de jeter uniformément des billets sur la table, sans expliquer d'ailleurs d'où ils viennent. En l'état actuel du système scolaire, non seulement cet argent va se trouver éparpillé entre une myriade d'établissements très disparates, mais il va abonder une organisation scolaire qui ne fonctionne pas.
- Ensuite, parce que l'enseignement prioritaire a besoin d'une refonte complète de sa carte et d'une remise à plat du système de zones lui-même : certains établissements n'ont plus à y figurer, d'autres méritent une aide accrue, sans effet-saupoudrage. Il doit être un régime d'exception.
- Enfin, parce que des solutions existent pour retrouver l'excellence dans les zones les plus fragiles et que Vincent Peillon, avec sa gestion centralisée et uniforme de l'Education nationale, est bien loin de le percevoir. L'exemple du Cours Alexandre Dumas, à cet égard, est frappant. Cet établissement hors contrat accueille une très large majorité d'enfants et de familles en difficultés. L'adhésion à un projet commun, l'association des parents, la gestion des rythmes et le recrutement par l'équipe pédagogique elle-même, en autonomie, font le succès de cet établissement. On peut le faire ailleurs !
Il est urgent, dans les zones dites prioritaires, de garantir enfin la marge de manœuvre des chefs d'établissement et de leur équipe, leur capacité à pouvoir gérer le recrutement, leurs moyens et leur projet pédagogique. Il est urgent également de garantir le libre choix des familles et de sortir de la ghettoïsation. Là encore, l'effet d'annonce du Ministre l'emporte sur le courage politique et préfigure la poursuite d'un système en échec.
Camille Bedin
Secrétaire générale adjointe de l'UMP